Cours Particuliers … Particuliers, Et Un Gâteau. 3Ème Partie

""- Ça vous a plu ? Je mets le deuxième au four ? … vous vous le partagerez …
- Eh ! tu rigoles ! on va le manger !
Aucune ne voulait troubler l’ambiance fragile. Les voix restaient feutrées, calmes.
Elle a refermé la porte du four, a réglé la minuterie pour la cuisson du second gâteau.
- Moi, la première fois que ça a marché, ça m’a fait peur, je me demandais ce qui m’arrivait …""


Laetitia …
… a attendu que sa mère ait terminé les comptes de la journée qu’elle faisait tous les soirs sur un coin de la table de la cuisine. Son père était déjà au lit depuis longtemps. Elle a guetté le bruit de la chasse d’eau, le claquement des sandales sur le plancher du couloir, le grincement de porte de la chambre. Elle a attendu encore, impatiente, surveillant la progression de la grande aiguille sur son réveil. Elle avait décidé d’attendre 30 minutes, pour être sûre que sa mère serait endormie.
Elle s’est rasée assise sur le siège des toilettes, vérifiant de temps en temps son travail avec une glace à main, s’est accroupie au-dessus du petit miroir pour se raser entre les cuisses. Elle s’est coupée deux fois, étanchant les saignements avec du papier toilette. Elle a essuyé le plancher pour ramasser tous les poils sur le carrelage et a tiré la chasse d’eau pour chasser les poils collés à la céramique blanche.
Cette nuit-là, elle n’a pas mis de culotte pour dormir. Très souvent elle posait sa main en coque sur son sexe, pour calmer la brûlure du rasoir et parce que la sensation était étonnante, qu’elle aimait la douceur de sa peau nue. Elle sentait ici et là sous ses doigts le picotement de poils mal rasés, sentait aussi l’humidité de son sexe.
Cette nuit-là et les suivantes, elle reproduisait les gestes montrés par Maryse, y ajoutait les siens, et abandonnait, déçue, frustrée, sans savoir exactement de quoi.
Elle a travaillé aussi, noté les définitions du dictionnaire des mots listés par Maryse, des mots qui suscitaient d’autres recherches, d’autres curiosités.



Maryse …
… est allée au cinéma. Le jeune-homme choisi était plus exigeant qu’elle ne le souhaitait. Elle n’a pu résister à la main crispée sur son poignet, a dû se soumettre un instant. Elle a su être suffisamment maladroite pour le décevoir. Il s’est agrippé à la ceinture de son imperméable quand elle s’est arrachée à sa poigne ; elle est rentrée chez elle de mauvaise humeur, bras croisés sur sa taille pour tenir fermée la seule protection à sa nudité. Elle imaginait qu’il avait sans doute ramassé son string sous son siège, s’était peut-être branlé avec, ou s’en était essuyé, après.
Un adolescent dans le bus de retour a fait plus pour elle ce soir-là, tétanisé bouche ouverte à la vue de ses cuisses patiemment découvertes pendant qu’elle surveillait le garçon dans la vitre latérale. Elle a pensé un moment prolonger son parcours, et puis a renoncé.
Elle pensait à Laetitia, qui réussissait mieux à éveiller son désir que ses sorties du soir. Rarement son corps avait été aussi proche du réveil qu’avec elle ces derniers jours. Elle attendrait samedi.

Quatrième cours.
Il faisait chaud samedi quand Laetitia est allée à son cours particulier, un de ces jours de juin qui préfigure l’été et les vacances proches.
Maryse portait une tunique blanche qui laissait deviner ses dessous blancs eux aussi par transparence.
- Pardonne ma tenue ! il fait vraiment chaud et j’ai pensé … tu n’es pas choquée, j’espère ?
- Oh … non !
- Bien ! Installe-toi ! je ne me souviens plus, tu avais des exercices à préparer ?
- Euh … des recherches …
- Ah ! Mais oui ! Eh bien montre-moi ça !
Laetitia a sorti de son sac de cours les feuillets sur lesquels elle avait recopié les définitions du dictionnaire selon la liste de mots que Maryse avait écrite.
- Même en recopiant, tu arrives à faire des fautes ! Est-ce que tu as tout compris, au moins ?
- … je crois …
- Tu crois ! Ce n’est pas une réponse très acceptable.
C’est oui, ou non ! … déjà, première définition, « organe érectile » … qu’est-ce que ça veut dire ?
Laetitia avait cherché beaucoup de mots, d’autres que ceux de la liste, mais pas celui-là. Elle a froncé les sourcils et rougi, vexée d’être prise en faute, de décevoir Maryse dès son arrivée.
- Ah, je vois que tu as ramené mon rasoir … tu t’en es servi ?
- Oui …
- Bon ! et comment tu te trouves ?
- … ça brûle un peu …
- Tu n’avais pas de crème apaisante ?
- Non.
- Ah, j’aurais dû y penser, c’est ma faute.
Après une courte hésitation, elle a pris la direction du couloir, s’est arrêtée pour inviter Laetitia à la suivre d’un signe de main :
- Viens, on va réparer ça !
Elle est entrée dans la salle de bains :
- Va dans ma chambre ! déshabille-toi, j’arrive !
Laetitia n’avait plus avec elle les mêmes préventions et c’est sans hésiter qu’elle a enlevé sa jupe en attendant que Maryse la rejoigne :
- Ton slip aussi ! assieds-toi au bord du lit ! … Ecarte les jambes, montre-moi ! … hum … pas très soigneux ! tu t’es rasée quand ?
- … mercredi, le soir.
- Attends-moi, je reviens !
Restée seule un instant, en se soulevant sur les coudes, Laetitia s’est découverte dans les miroirs de l’armoire, jambes ouvertes sur son sexe.
Elle avait posé une main sur son sexe quand Maryse est revenue :
- Tu te caresses ?
- Non … non !
- Oh, tu sais, tu peux ! Tu veux te caresser ? Tu es mouillée ?
- … c’était pour voir … où j’ai mal fait …
- Bon, comme tu veux ! Tiens, masse-toi avec ça, et repasse le rasoir là où tu sens que ça pique sous tes doigts ! Applique-toi !
Maryse a posé une serviette de toilette au pied du lit entre les jambes de Laetitia et s’est assise en tailleur sur la moquette en face d’elle, tenant dans ses mains un miroir :
- Regarde, tout en bas, en arrivant sur les fesses, tu en as laissé !
Laetitia a corrigé ses oublis, s’est massée une nouvelle fois avec la crème apaisante.

- Bien ! reste comme ça ! le premier mot dont je t’ai demandé la définition était « clitoris », pose ton doigt dessus … bien ! Tu le sens sous ton doigt ? Soulève un peu la peau dessus, plus haut … voilà ! tu le vois ? Fais maintenant comme je t’ai montré mercredi … bien … continue encore … passe dessus de temps en temps, oui … tu ne le sens pas devenir plus dur ?
- … oui …
- Regarde- le, il n’est pas plus gros ?
- Si …
- Eh bien c’est ce que signifie « érectile », ça veut dire qu’il se redresse ! d’accord ?
- Oui.
- Bien ! et l’hymen ? Qu’est-ce que c’est ?
- … je sais plus …
- Glisse ton doigt plus bas … voilà … rentre-le dans le vagin … plus loin, allez ! tu sens que ça serre autour de ton doigt ? Oui ? C’est l’hymen. C’est une membrane qui se déchirera la première fois où tu auras un rapport avec un homme. Il vaudrait mieux le plus tôt possible d’ailleurs … ça te permettrait d’autres caresses … c’est mieux … on verra plus tard ! … Tu as essayé de te caresser cette semaine ?
- … un peu …
- Et ? qu’est-ce que tu as ressenti ?
- …
- Rien ?
- Si … mais … je sais pas bien …

Maryse s’étonnait de l’extrême malléabilité de Laetitia. Elle avait craint ces derniers jours d’être allée beaucoup trop loin avec elle. Elle s’était promis de ne pas recommencer, mais c’était plus fort qu’elle. La situation dépassait très largement ce qu’elle avait imaginé.
Elle savait qu’elle atteignait sans doute les limites de ce « secret » qu’elle avait demandé à Laetitia de respecter ; elle pensait cependant que plus loin elle emmènerait Laetitia et plus celle-ci serait prisonnière de ce « secret » partagé.
Elle n’avait pas recherché cette situation, éloignée de ces habitudes. Elle éprouvait des sensations différentes que lors de ses exhibitions, aussi fortes, qui ne devaient rien au fait d’observer Laetitia se caresser, mais bien au fait de l’avoir poussée à le faire, et en si peu de temps.

Elle ne venait chez elle que pour la quatrième fois, et elle avait obtenu de la faire se déshabiller devant elle, de se raser le sexe, de tenter de se donner du plaisir sous ses yeux.
Elle avait froidement réfléchi ces derniers jours à ce qui se passait et pourquoi. Laetitia était solitaire et complexée. Elle avait honte, d’elle-même et de sa mère. Elle l’admirait ? peut-être. Le mélange complexe de honte, de curiosité, d’autorité, de confiance mêlée de crainte faisait qu’elle acceptait, et mieux, qu’elle voulait.
Maryse avait pleinement conscience de la manipuler, comme un jouet, et n’en éprouvait aucun remord. Elle ne tenait pas réellement à ce que Laetitia atteigne le plaisir ; pour le vivre elle-même depuis si longtemps, elle savait que la recherche du plaisir était le plus puissant des moteurs, et qu’elle perdrait une partie de son pouvoir sur elle si elle aboutissait.
Elle avait un temps rejeté l’idée, puis l’avait reprise, analysée, sans totalement l’accepter encore … elle pouvait revivre une partie de son parcours au travers de Laetitia … si Laetitia vivait ce qu’elle avait vécu, si elle faisait en sorte qu’elle vive une expérience identique.

- Même si tu en as envie, tu ne dois pas te caresser trop souvent, sinon tu n’y arriveras jamais. Ce qu’il faut tout d’abord, c’est mieux te connaître, savoir ce qui … te fais mouiller. Si tu veux, je … je peux t’aider pour ça. Tu veux bien Laetitia ?
- … il faut plus que … je me caresse ?
- Ce serait mieux ! Vraiment ! Et puis, tu pourras toujours ici … D’accord ?
- Ici ? Chez vous ?
- Mais oui, je t’aiderai … à moins que tu ne demandes à ta mère …
- Ah non !
- Bien, comme tu veux. Déjà, réfléchis un peu ! Qu’est-ce qui déclenche ça ? Qu’est-ce qui fait que tu es mouillée ?
Laetitia a haussé les épaules, ne sachant pas ou ne comprenant pas ce que Maryse lui demandait :
Elle avait un petit sourire timide en répondant.
- … ici … avec vous …
- Et puis ? Réfléchis ! Quand, la dernière fois ?
Laetitia a rougi :
- En Gym …
- Pourquoi ?
- En me déshabillant … dans le vestiaire … parce qu’il y avait les autres …
- Parce que tu les regardais se déshabiller ?
- … non … elles …
- Ah ! Bon … Et ça … t’excitait aussi, quand tu te changeais dans la cabine d’essayage ?
Laetitia a hoché la tête.
- C’est assez facile à vérifier … On partage un autre secret ? Tu veux ?
- … oui …
- D’accord, je vais essayer de t’aider … tu dois rentrer tout de suite chez toi ?
- Non … pas tout de suite.
- Bien, on ira se promener un peu, alors ! Autre chose. Je ne sais pas si ça marcherait … surtout, tu me le dis tout de suite, si tu ne veux pas ; d’accord ? n’hésite pas ! … Allonge-toi, et ferme les yeux !
Laetitia n’a pas hésité bien longtemps. Elle s’est allongée sur le lit, les deux pieds au sol.
Maryse se faisait violence. Elle évitait aussi souvent que possible les contacts, les fuyait autant qu’elle le pouvait. Elle pensait cependant que c’était une manière de garantir le silence de Laetitia.
D’une main aussi douce que possible, elle a caressé la cuisse de Laetitia, remontant lentement entre ses jambes en l’invitant à ouvrir ses cuisses d’une légère pression, et a posé la paume de sa main sur le sexe encore un peu collant de la crème apaisante dont Laetitia s’était massée.
Au contact de la main sur son sexe, Laetitia a émis un petit gémissement. Elle a fermé ses deux mains en poing sur les draps. Maryse surveillait son visage, ses yeux plissés très fort et sa bouche ouverte, son souffle court. Très lentement elle a glissé sa main plus haut sur son ventre en écartant les lèvres du pouce. Elle a massé son clitoris du gras du pouce un long moment. Elle s’est interrompue en sentant sous ses doigts le ventre se durcir. Elle est redescendue vers l’entrée du vagin, poussant son doigt aussi profond qu’elle le pouvait sans la blesser. A chaque retrait, elle entraînait de son doigt quelques gouttes d’un épais jus blanc.
Elle s’est arrêtée net, reposant ses deux mains tremblantes sur ses genoux, en proie à deux sentiments contradictoires. Elle se surprenait à aimer provoquer si vite cette réaction de désir, à aimer la douceur de la peau nue sous ses doigts, la douceur des chairs tendres, et en même temps, elle ressentait une extrême jalousie, comme une lame acérée qui lui fouillait le ventre, et avait envie de planter son doigt plus profond, de blesser, de déchirer ce sexe trop réceptif.
Laetitia haletait, se cambrait à petites secousses, comme implorant le retour de la main.
Elle a ouvert les yeux, le regard noyé, en entendant la voix sèche de Maryse :
- Redresse-toi ! ça marchait ? Comme avec toi ?
- Oh … oui … c’était … trop … bien …
- Ah ? Quand je … ça te plaît bien ?
- Oh oui !
- Bon … Je sais pas si … et si c’était toi qui …, tu crois que ça marcherait aussi ? Mais … oh et puis allez ! Faut bien que tu saches ! allez, prends ma place …

Maryse s’est allongée, serrant sa tunique de ses deux mains entre ses cuisses, comme si un reste de doute ou de pudeur la retenait. Elle surveillait Laetitia dont les joues avaient pris une couleur brique, agenouillé au pied du lit.
Maryse s’est redressée sur un coude :
- Tu te rends compte que … tu n’en parleras pas n’est-ce pas ?
Laetitia ouvrait de grands yeux, respirait par saccades, encore sous le coup des caresses qui l’avaient amenées au bord, tout au bord, elle en avait la quasi certitude.
Elle n’avait aucune chance …
Maryse s’est rallongée, le visage tourné sur un côté, un bras posé sur les yeux sous lequel elle ne perdait pas une hésitation, pas un soupir, voyait le sourire fugitif étirer les lèvres de Laetitia qui se croyait libérée de son regard, un sourire très doux.
Laetitia a posé une main sur son genou, l’effleurant à peine, l’a retirée aussitôt. Si elle ne l’avait pas regardée cachée sous son bras, elle n’aurait pas vu le mouvement des lèvres, n’aurait pas compris son murmure :
- … j’ose pas …
Elle a laissé un temps avant de répondre :
- C’est pas grave, je comprends que tu hésites, ce n’est rien …


""La sonnerie du four a percé le silence qui s’était installé.
- J’ai pas osé …
- Elle était vexée ?
- Peut-être … mais, tu sais … elle jouait avec moi … alors ça n’aurait rien changé …
- Tu le sors du four ? Tout le monde a gardé son assiette ?
Depuis très longtemps la partie de ctte était au point mort, et pas une maille n’avait été ajoutée au pull pour le neveu. Elles écoutaient, hochaient la tête, échangeaient de brefs regards.
Chacune a tendu son assiette, a remercié à voix basse, d’un signe de tête et d’un sourire, un « merci » murmuré.
- Et puis c’est là qu’on a commencé nos « balades » …""


Laetitia se sentait coupable. Elle avait peur de l’avoir fâchée. C’était trop tard. Maryse s’était relevée, laissant Laetitia à genoux au pied du lit, les yeux pleins de larmes.
Maryse a ouvert son armoire, en a sorti un chemisier et une jupe, un sachet en plastique des Nouvelles galeries qu’elle a jeté sur le lit :
- Tiens je t’avais acheté ça ! Mets-le ! on va se promener !
Laetitia a ouvert le sachet et en a sorti un string de dentelle noire fermé dans le dos par des perles de strass.
- Tu l’avais regardé, non ? Mets-le !

Cet après-midi là a été le premier d’une longue série. Le jardin des plantes, les Buttes Chaumont, le père Lachaise, et les trajets en bus. Parfois Maryse, plus souvent Laetitia, parfois ensemble, elles s’exposaient aux regards, des étudiants, des lycéens, des hommes plus âgés aussi, ceux que Maryse choisissaient.
Laetitia se changeait chez Maryse qui lui avait constitué une « garde-robe de sortie », des transparences, des mini-jupes sous lesquelles elle était le plus souvent nue.
Parfois au retour, Maryse la caressait, sans jamais lui donner de plaisir. Mais jamais elle ne lui avait à nouveau proposé de la toucher, avait repoussé une fois ou deux une main que Laetitia avait timidement avancé vers elle.

Fin juin, en achetant son pain, sans en avoir parlé à Laetitia auparavant, Maryse a demandé à sa mère la permission de l’emmener au cinéma un vendredi soir :
- C’est la fin de l’année et elle n’a plus cours. Nous avons bien travaillé et ses résultats se sont améliorés, j’aimerais lui faire plaisir, si vous acceptez, bien sûr.
- C’est tellement gentil à vous ! vous êtes sûre que ça vous dérange pas ? Attendez … PIERROT ! PIERROT ! VIENS VOIR ! … Vous connaissez mon mari ! C’est vrai qu’on le voit pas souvent en boutique ! Madame Autreil demande si elle peut amener Laetitia au cinéma ! Mais ça va la faire rentrer tard !
- Eh bien, je me demandais … pour un soir elle pourrait dormir à la maison, et je vous la ramènerai le lendemain midi !
- Mais ça va vous faire du dérangement !
- Je vous assure, ça ne me dérange pas du tout, au contraire, ça me ferait plaisir ! Allez, acceptez ! S’il vous plaît !
- Bon … Qu’est-ce que t’en dis Pierrot ? … Allez, c’est d’accord !

Maryse est venue chercher Laetitia à la boutique en fin d’après-midi. Sa mère lui avait préparé une petite valise, comme si elle partait en voyage.
Elles avaient ri toutes les deux en ouvrant la valise sur le lit de Maryse, en sortant deux sous-pull et deux culottes de coton, ses chaussons et son pyjama Snoopy.

- Assieds-toi, Laetitia. Cette soirée est un peu spéciale. Pour toi et pour moi. Tu m’as toujours fait confiance et je ne t’ai pas déçue, n’est-ce pas ? … N’est-ce pas ?
- Oui.
- Ce soir aussi tu devras me faire confiance, quoi qu’il arrive ! Tu m’entends ? D’accord ?
- D’accord.

Elle a eu malgré tout un temps d’arrêt en voyant le titre du film que Maryse lui proposait, est restée en retrait pendant qu’elle achetait leurs places.
Maryse et elle se sont installées tout au fond à gauche de la salle, loin des portes d’accès. Avant que le film ne commence, elle serrait nerveusement les accoudoirs :
- Maryse … c’est un film cochon ?
- C’est une leçon … particulière ! oui, c’est cochon ! Tu vas voir des hommes nus et des femmes nues s’adonner à la gymnastique du plaisir ! Profites- en !
Laetitia s’était enfoncée plus profond dans son siège, espérant, en vain, échapper aux regards rapides des quelques hommes et des deux couples qui étaient dans la salle.
Elle s’est un peu détendue quand les lumières se sont éteintes.
Elle fermé les yeux quand le premier homme nu est apparu à l’écran, a jeté un regard ébahi à Maryse et s’est agrippée à son bras en voyant une jeune femme prendre le sexe dans sa bouche.
Elle n’avait à ce jour, au cours de leurs jeux d’exhibition, que deviné au travers d’un pantalon déformé le sexe de leurs victimes, et ce qu’elle voyait là était très éloigné des planches anatomiques de son dictionnaire.
Pendant le film, Maryse a posé une main sur les bas qu’elle lui avait fait mettre, lui a fait ouvrir les jambes. Elle ne portait rien sous sa petite jupe en stretch. Elle l’a brièvement caressée, riant de trouver son sexe chaud et humide, a très vite retiré sa main :
- Ne bouges pas, je vais aux toilettes.
Seule dans la salle, elle s’est sentie mal à l’aise ; elle surveillait plus souvent les autres spectateurs qu’elle ne regardait le film où s’enchaînaient les scènes où des couples faisaient l’amour, éveillant une tension sourde au creux de son ventre.
Elle a sursauté quand Maryse a posé une main sur son épaule :
- Viens !
- On s’en va ?
- Non, on va aux toilettes ! dépêche-toi !
- Mais …
- Viens !
Elle l’a entraîné vers la porte battante qu’elle avait entendue battre à plusieurs reprises pendant le film, a poussé la porte des toilettes des dames, la tirant toujours par la main, et l’a entraînée dans l’un des box :
- Je sais dans quel état tu es … ce sera facile …
Debout dans son dos, elle a relevé sa jupe au-dessus de sa taille et lui a écarté les jambes :
- Laisse-moi te caresser, colle tes pieds aux parois !
Elle s’est placée à côté d’elle, à cheval sur une de ses jambes. D’une main sur son dos, elle l’a faite se pencher en avant, le front reposant sur ses bras croisés sur le réservoir de la chasse d’eau. De l’autre main dans son dos, Maryse a passée sa main sur ses fesses puis l’a posée sur son sexe, ouvrant son sexe durement.
Le film et les images, la situation, même l’odeur âcre des toilettes … Laetitia voulait cette caresse et cette brutalité.

- C’est elle ?
- Oui, c’est elle !

Laetitia n’a pas réalisé tout de suite, trop surprise pour se rendre compte de ce qui se passait.
Elle a voulu se redresser. Maryse a passé ses deux bras autour d’elle, s’appuyant du poids de son torse sur son dos :
- Ne bouges pas, ne bouges pas … cchhhhut … là … tu m’as promis … Chhhhhht …
Deux mains fortes sur ses hanches, un frottement sur ses fesses, une chair chaude contre sa cuisse, et la morsure, la brûlure aigüe dans son ventre, la sensation d’envahissement, ses jambes qui plient , la main de Maryse sur son front, sur sa bouche pour un cri … et puis le noir, un instant de noir.

Elle ne s’est pas rendu compte qu’il partait. Ne savait plus vraiment où elle était.

Elle était assise sur la lunette des toilettes. Maryse essuyait son sexe d’une grosse boule de papier roulée dans sa main, s’est reculée quand elle a uriné sur sa main.
Son souvenir le plus fort, c’est l’odeur âcre, de désinfectant et d’urine mêlés.
Elle ne se souvient pas du retour en bus, de s’être couchée dans le lit de Maryse.
Elle se souvient de son premier orgasme, de la main de Maryse dans ce lit, de la gifle que Maryse lui a donné juste après, avant de quitter la chambre en pleurant.

""Aucune d’elles n’avaient touché à son gâteau. Une a posé son tricot sur la table en se levant, a fait le tour de la table pour lui faire une bise sur la joue.
D’autres ont balayé en tas les cartes d’une partie qui ne serait jamais finie.
- Vous mangez pas ?
- Mai si … t’en fais pas … on laissait refroidir.
Elles ont fait la vaisselle, essuyé les miettes sur la table, rangé les chaises.
- Tu l’as revue ?
- Jamais … jamais …
- Dis, tu me donneras la recette ?
- Je te la recopierai, pour la prochaine fois.

Il y a des jours qui finissent en silence.
Des femmes ensembles, de tous âges, se sont retrouvées ; elles disparaîtront un temps et reviendront. Elles se raconteront leurs quotidiens, à demi-mots. Elles joueront aux cartes, tricoteront ou coudront, échangeront des recettes de cuisine, donneront des nouvelles des s.
Ce lieu est leur lieu : la grande table avec des chaises autour, les placards et le réfrigérateur le long du mur, le four ; le four où elles cuisent des gâteaux.

Aujourd’hui l’une d’entre elles a partagé son histoire, à mots soupirés, parfois murmurés, des mots timides, tellement plus légers que l’histoire qu’ils racontent, ponctués de rires contenus, d’un haussement d’épaule …
… et de larmes, qui coulaient doucement.

Elle a partagé son histoire, elles n’en parleront plus.
Elles reparleront du gâteau …""

FIN

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